Danser le tango implique d'en écouter de plus en plus et de s'imprégner d'une nostalgie ou d'une joie particulières, de mots de lunfardo (argot de la région rioplatense) et de références particulières à l'histoire argentine et surtout de ses immigrés.

L'origine du tango

Le tango est né autour des rives du fleuve Rio de la Plata à la fin du 19e siècle. Bataille entre Argentine et Uruguay au sujet des origines ? Oui, mais finalement est-ce bien important...Petit à petit, décennie après décennie, le tango a connu des évolutions jusqu'à la forme qu'on lui connaît aujourd'hui.

Ou plutôt ses formes, n'en déplaise aux puristes :) Car entre un néo-tango électro en baskets, une milonga enflammée ou une valse qui enchaîne les cadenas avec fluidité, que de styles et d'expressions ! 

Donc, revenons au quartier portuaire de Buenos Aires au moment où si je devais choisir un anachronisme, l'image de New-York aux grands moments de l'immigration me viendrait en tête. Nous sommes à San Telmo, Pompéi, Montserrat, les immigrants arrivent et s'installent , faisant croître la population et la topologie de la ville.

Déjà dans les années 1860-70, les gauchos et criollos de la région, les marins, les travailleurs-ses de multiples couelurs et origines (indiens, noirs, etc.) dansaient déjà les valses européennes, des danses d'origine écossaise, du pasodoble, de la polka, mais aussi cuadrilla, mazurca et la milonga, dont l'une des composantes est tirée du candombe. 

Cette danse est née dans le port de Buenos Aires et s'est rapidement répandue dans les quartiers du sud, tels que San Telmo, Monserrat et Pompéi, et a connu une croissance parallèle à celle de la société argentine, formée par les immigrants européens, qui ont apporté beaucoup de ses éléments.

Vers 1860, parmi les criollos et gauchos du Rio de la Plata, marins, indiens, noirs et mulâtres, ils dansaient des musiques libres telles que valses, d'origine autrichienne et alpine ; tango pasodoble et andalou ; zarzuela ; danses d'origine écossaise ; habaneras d'origine cubaine ; polka ; mazurca, cuadrilla et milonga ; basé sur fandango et noir candombe (qui serait originaire de l'Afrique bantoue).

Le tango en tant que tel ? Pas encore. 

En parlant d'origines, le bandonéon (instrument incroyable, n'est-ce pas?) est d'origine allemande et s'est allié peu à peu aux violons, pianos, guitares créoles. Puis petit à petit le tango arrabalero se diffuse, base d'une danse entre hommes et femmes qui déjà scandalise la bonne société de l'époque.

Des bas-fonds argentins au succès européen

La danse s'installe, et le tango est condamné par l'église mais aussi interdit par la police, car on estime qu'il incite à la luxure, à l'alcoolisme, au scandale. On le pratique caché (les premières millégales?;) , donnant à Buenos Aires une réputation sulfureuse particulière dont il reste quelques traces mentales dans l'imaginaire collectif. Ah, la passion nostalgique et le goût de l'interdit.. 

On danse alors le tango de manière populaire, dans des lieux comme les bordels et les boliches (les boîtes de nuit actuelles!). 

Se développe avec la fusion des corps une fusion des langues et des coutumes : le tango se construit, le lunfardo suit, chargé d'héritages des dialectes italiens et des langues des immigrants qui les mêlent au vocabulaire portègne. 

En parallèle, chez nous à Paris, le tango devient de plus en plus populaire dès le début du 20e siècle. Glamour et recherché, il conquiert contrairement à Buenos Aires les personnes de rang social élevé à travers toute l'Europe. 

Mais le 20e siècle sera surtout celui de l'acceptation définitive du tango comme danse, culture et expression populaire à part entière. Malgré les menaces régulières (répression dans les années sombres de l'Argentine) et la déferlante du rock'n'roll, le tango est désormais une passion mondiale, qu'on vienne faire son "pélerinage" ou non à Buenos Aires... 

Rappelons qu'aujourd'hui, le tango est classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Unesco ! (depuis 2004)

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